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CHAPITRE SEPTIÈME

tribune, s’était fait remarquer peu de temps auparavant en prodiguant à la France les soupçons injurieux et les insultes.

Dans les villes l’effervescence était entretenue par les réfugiés venus de la Romagne, de Parme et de Modène. Les paysans toscans, heureux de la douce existence matérielle qu’ils s’étaient faite, ne demandaient qu’à en jouir paisiblement et ils étaient aussi calmes et aussi pleins de sécurité, l’Autrichien étant à leurs portes et les journaux, les tribunes et les places publiques retentissant de clameurs, que lorsque le régime despotique leur donnait toute garantie de la conservation de cette tranquillité.

Turin était calme, un peu abattu de la défaite de son roi qu’il avait un moment égalé à Napoléon, mais rien dans la physionomie de cette ville, ni dans celle des campagnes du Piémont, n’indiquait une participation populaire au sentiment de la situation grave dans laquelle se trouvait le pays. À Turin les registres ouverts pour la mobilisation de la garde nationale donnèrent quarante-quatre noms ; à Gênes on ne put aller que jusqu’à vingt-trois. Ces chiffres formèrent le bilan du dévouement de la nation à la cause sacrée de l’indépendance italienne.

Dès son arrivée, M. de Bois-le-Comte fut reçu par Charles-Albert. Il le trouva triste, abattu, malade.