Page:Reiset - Mes souvenirs, tome 1.djvu/268

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Il fut entendu entre le roi et moi que j’accompagnerais les généraux Rossi et Lazzari chez Radetzki[1]. Le roi, malgré tous ses revers, était tranquille et calme comme toujours. Il m’avait traité avec une distinction particulière. C’était un prince froid, réservé, sans apparente affectation, un grand gentilhomme enfin, de manières très simples, mais plein de dignité, c’était de plus un prince avec lequel, dès le premier moment, on éprouvait de la sympathie ou de l’aversion. Pour moi, dès les premiers instants que je l’ai vu, il m’attira complètement à lui par ses excellentes et simples manières. On a dit de ce prince qu’il était fier, toujours politique, rusé, hautain, sec, de peu de cœur. J’ai trouvé un tout autre homme, et je ne puis dire assez combien j’ai eu à me louer de la délicatesse de son cœur et de son esprit au cours des relations importantes que j’ai eues avec lui à cette époque, au milieu de si graves événements interrompus par le bruit du canon ou les vociférations de l’émeute dans les rues de Milan. Je regarde Charles-Albert comme l’un des souverains les plus distingués que j’aie connus. Il était de plus très instruit, d’une bravoure téméraire et ne craignant que Dieu. Il se croyait appelé par la volonté

  1. 4 août 1848. — Voir Souvenir de la guerre de Lombardie, par le duc De Dino, Milan, chapitre XII. Paria, Dumaine. 1851.