Page:Reiset - Mes souvenirs, tome 1.djvu/283

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son opposition au projet du gouvernement étant surexcitée, les ministres Ratazzi et Ricci allèrent trouver le roi et, l’effrayant sur les conséquences des mesures arrêtées de concert avec lui ils le déterminèrent à abandonner Gioberti.

Le lendemain, Charles-Albert réunit le conseil sans son président dont la démission n’était pas encore acceptée, et à la suite de ce conseil il lui en notifia l’acceptation lui écrivant qu’il ne pouvait souscrire à une intervention en Toscane, que la Chambre y paraissait contraire, qu’il se reposait sur l’affection de cette Chambre qui était à ses yeux l’organe de l’opinion publique.

En sortant de chez le roi, Gioberti se rendit chez M. de Bois-le-Comte. Il s’écria en entrant : « Je viens de bien connaître ce que c’est qu’un roi ! »

La séance de la Chambre qui suivit fut des plus émouvantes. Sur une interpellation de M. Valerio, Gioberti déclara que l’honneur ne lui permettait pas de faire connaître les secrets de l’État, mais qu’un jour il se vengerait de ceux qui les avaient divulgués et falsifiés en les livrant aux journaux pour le calomnier ; que le ministère tout entier avait approuvé ses projets et n’avait reculé que devant l’exécution et que quiconque dirait le contraire était un calomniateur et un menteur infâme.