Page:Reiset - Mes souvenirs, tome 1.djvu/286

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fer pour la guerra santa, en parle de milliers d’hommes, de levées en masse, de piques et de faux ; et le fait est que la conscription n’a jamais pu être établie ; que la capitale est dans un sauve-qui-peut général ; et que, si on parvenait à réunir quelques corps de volontaires, on n’aurait ni officiers, ni sous-officiers pour les commander, n’ayant pas de cadres et pas le sou pour les payer. »

On avait organisé à Florence et à Livourne des bandes d’hommes payés trente sous par jour qui opprimaient les villes et se répandaient au besoin dans les campagnes pour étouffer toute tentative réactionnaire. Tous les magasins étaient fermés à Florence ; les caisses publiques étaient vides. L’obligation de recevoir du papier-monnaie arrêtait toutes les transactions.

Paris était bien changé depuis mon départ. Le prince Président occupait l’Élysée. Je n’étais pas un inconnu pour lui. La comtesse d’Arjuzon, mère de mon beau-frère, avait été dame d’honneur de la reine Hortense et était restée son amie. Sur sa recommandation, pendant un voyage en Suisse en 1836, j’avais été reçu à Arenenberg. La reine Hortense, malade et alitée, m’avait donné audience quelques instants dans sa chambre. Elle me parla de ma mère avec laquelle elle avait fait de la musique à Mayence