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MES SOUVENIRS

placé à droite et à gauche de la grande route. On voyait les soldats aller et venir portant de grands quartiers de bœuf sur leur dos : on préparait le souper.

Nous arrivâmes à Novaro où nous nous rendîmes à l’hôtel de la Poste. Nous eûmes toutes les peines du monde à trouver une chambre pour la comtesse de Robilant.

Je dus me contenter d’un cabinet de bain et d’un matelas placé dans la baignoire. Il fut impossible d’obtenir à manger ; les Autrichiens, qui étaient les premiers servis, n’avaient rien laissé. « Nous aimons mieux servir les Croates que les Piémontais, nous dit le garçon d’hôtel : au moins ceux-là payent. » Triste preuve de l’affaissement du sentiment national chez quelques-uns des habitants de Novare ! Tout près de mon cabinet se trouvait la modeste chambre où le général Perrone se mourait des suites de sa blessure à la tête. Cette chambre qui s’ouvrait sur un balcon n’était éclairée que par une petite fenêtre. Sa malheureuse femme, née de Latour-Maubourg, partageait cette chambre avec lui et lui prodiguait ses soins : elle me pria de venir voir son mari. Le général était une des plus nobles victimes de la guerre. Il avait été longtemps au service de la France et il était revenu récemment e, Piémont. Il avait fait preuve