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MES SOUVENIRS

borna à lui répondre qu’il voulait parler au général Dabormida, le concierge répliqua qu’il voulait avant tout savoir qui il était. — « Que vous importe ? reprit mon compagnon qui commençait à s’irriter. Je veux parler au général, cela suffit. — Ah ! vous voulez ; eh bien ! moi, je ne veux pas et vous attendrez jusqu’à demain. Sua Excellenza à a letto ; non la risveglierò. Andate al diavolo ?  » — Nous l’entendîmes s’éloigner à pas lents et refermer la porte de sa loge. Victor-Emmanuel était furieux, le jour venait, il avait besoin de parler au général et ne voulait pas repartir sans l’avoir vu. Il tenait cependant à ne pas trahir son incognito. Saisissant lui-même le marteau de la porte, il se mit à frapper de plus belle et il fit un tel vacarme que le concierge sortit de nouveau de sa chambre et se précipitant vers la porte sans l’ouvrir il nous menaça de nous donner une volée de coups de bâton, menace accompagnée de jurons les plus énergiques, et Dieu sait s’ils le sont en dialecte piémontais. Victor-Emmanuel perdait patience ; il voulait tout enfoncer. Je le priai, de me laisser entrer plus doucement en négociation avec le concierge. Je glissai sous la porte Une belle pièce de cinque lire aux armes de Savoie et à l’effigie de Charles-Albert en disant, en riant : « Eh ! caro ! volete sapere chi siamo ? Ecco il ritratto del padre d’uno