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CHAPITRE DOUZIÈME

dit que rien ne motivait la conduite des Gênois, qu’ils savaient parfaitement que cette prise d’armes ne pouvait avoir pour objet de se défendre contre l’ennemi, l’armistice ayant été rendu indispensable par l’état de l’armée. Ce ne pouvait être dès lors qu’une révolte contre son autorité, révolte criminelle qui en présence de l’ennemi menaçait la sécurité du pays tout entier. Le roi ajouta que, quant à lui, il n’aurait accordé aucun pardon ; qu’il avait cédé aux prières de ses ministres en signant ce qu’ils proposaient, mais qu’il n’accorderait rien de plus.

La députation consternée n’osa pas retourner à Gênes. Mais la nécessité de la soumission s’imposa. Tous les personnages compromis se réfugièrent sur les vaisseaux français et anglais. Reta, Pellegrini parvinrent à prendre la fuite. La partie modérée de la municipalité se rendit le 10 avril, et le 12 l’armée du général de la Marmora entra dans la ville. Le consul général de France, M. Favre, frère de Jules Favre, reçut la croix de commandeur des Saints Maurice et Lazare, et la municipalité lui vota en reconnaissance de ses services le droit de cité. Le gouvernement sarde profita de ce succès pour dissoudre les conseils municipaux qui avaient voté des protestations inconvenantes contre les actes du ministère. Pendant ce temps M. de Bois-le-Comte et