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MES SOUVENIRS

J’avais appris par d’Azeglio que Victor-Emmanuel serait heureux de recevoir le grand cordon de la Légion d’honneur.

Mes excellentes relations avec mon chef M. de Bois-le-Comte, dont j’avais toute la confiance, me permirent de contribuer à la réalisation de ce désir. Je le prévins de l’ouverture qui m’avait été faite.

L’empereur de Russie venait de gratifier de ses ordres les généraux autrichiens qui avaient pris part à la campagne contre le Piémont. L’occasion était bonne d’offrir une décoration française au roi de Sardaigne qui, comme duc de Savoie, s’était brillamment conduit sur le champ de bataille. La remise qui en avait été retardée par la maladie de Victor-Emmanuel eut lieu le 14 juillet. M. de Bois-le-Comte lui dit que « cette décoration était la première que la République eût offerte à un roi, mais qu’elle avait eu le bonheur d’en rencontrer un qui avait les vertus d’un soldat et qui avait rivalisé de valeur avec ses sujets sur le champ de bataille pour le service de son pays ».

Victor-Emmanuel parut très satisfait et remercia très gracieusement le ministre de France. Puis abordant les questions politiques il lui dit : « Je suis tout à fait de votre avis sur l’inconvénient de négocier en