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MES SOUVENIRS

soins du siècle, et elle convenait ainsi de la nécessité de les modifier, mais elle ne pouvait pardonner au Piémont d’avoir osé le faire avant d’avoir obtenu son adhésion, et surtout d’avoir appliqué rigoureusement les nouvelles lois aux évêques récalcitrants. D’un autre côté, le gouvernement sarde prétendait être resté constamment dans les limites de son droit et du respect dû à l’Église et à son chef ; il regardait comme un fait accompli toutes les mesures prises par suite de la promulgation des lois Siccardi, et il persistait à laisser plus que jamais dans l’exil les archevêques de Cagliari et de Turin. On paraissait donc avoir renoncé à nouer de longtemps des négociations. Cependant comme il s’agissait beaucoup moins d’une question de principes que d’une question de personnes, on pouvait espérer que l’impossibilité morale de reprendre les négociations n’aurait pas une trop longue durée. En effet, si les questions de personnes sont celles qui excitent le plus vivement les passions, elles sont aussi de nature à subir promptement de profondes modifications. Le langage digne et modéré du Saint-Père, les dispositions bienveillantes qu’il avait laissé entrevoir dans l’allocution du 1er novembre, le bon effet que ce document avait généralement produit sur les esprits sensés et modérés, laissaient espérer que le désaccord entre les deux