Page:Reiset - Mes souvenirs, tome 1.djvu/467

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
460
MES SOUVENIRS

colonels ou de chefs de bataillon qu’ils auraient vus peu de jours auparavant simples sous-officiers, leur amour-propre se révolterait, et ils abandonneraient bien vite leurs drapeaux pour retourner aux champs. » Je ne trouvai auprès du duc que mon ami le comte de Collobiano, ancien secrétaire de l’ordre des Saints Maurice et Lazare, et frère du ministre plénipotentiaire de Sardaigne à Naples. Comme le prince m’avait dit qu’il n’avait pas lu de journaux depuis plusieurs jours, je lui envoyai le lendemain plusieurs numéros du Journal des Débats et un exemplaire de Custozza et Novare de M. Masson, ce dont il me remercia par une lettre fort aimable. Il avait diné chez le roi qui n’avait invité aucune personne de sa cour, et chez le duc de Gênes où ils ne furent de même que quatre à table — les deux princes et leurs femmes.

Le duc d’Aumale passa de nouveau à Turin au mois de septembre : il venait de Chambéry. La baronne du Bourget, veuve du comte de Wurtemberg, et la comtesse de Robilant avaient dîné incognito à l’auberge afin de l’apercevoir sans être connues de lui. Le courrier de la malle-poste sarde ayant refusé assez brutalement au duc de lui céder sa place dans le coupé, mon courrier de cabinet lui donna la sienne. Arrivé ainsi à Turin le duc d’Au-