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MES SOUVENIRS

où elle allait s’asseoir, il lui fit l’aimable plaisanterie de lui retirer sa chaise. La reine tomba, elle si décente et si réservée. Elle se releva en souriant, dissimulant sa frayeur et le mal qu’avait dû lui faire cette chute dans un état de grossesse avancée. Un mois après, le 16 janvier 1836, elle accoucha d’un prince qui régna deux ans à peine sous le nom de François II et qui fut le dernier roi des Deux-Siciles. Le roi eut avec son frère le comte de Syracuse, dans la chambre voisine de celle de l’accouchée, une altercation si vive et si bruyante que la pauvre reine, saisie de frayeur pendant la fièvre de lait, mourut quinze jours après la naissance de son fils. Elle fut pleurée dans tout le pays ; on l’avait aimée pendant son passage si court sur le trône de Naples comme la bienfaitrice des pauvres et la consolatrice de tous les malheureux. Le roi fit part officiellement du décès à la cour de Sardaigne, sans autre communication plus intime. L’a-t-il regrettée ?…

Une année après l’anniversaire de la mort de la reine, il fit son entrée à Naples avec l’archiduchesse Thérèse d’Autriche qu’il venait d’épouser, le 9 janvier 1837. On fut révolté de ce manque de cœur et de convenance ; la mémoire de la sainte reine, comme on l’appelait dès lors, n’en fut que plus vénérée. Le roi fit offrir à la comtesse de Sangro devenue