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MES SOUVENIRS

Munich, il avait obtenu un congé et paraissait fort contrarié qu’après le 2 décembre on lui eut donné l’ordre de n’en pas user. Quant à M. de Meyendorff, M. de Lacour nous parlait de son départ depuis six mois, et quelques politiques de Vienne le désignaient comme le successeur de M. de Nesselrode. Pour M. de Kisselef, je ne le crois pas fâché de nous quitter avant le grand moment. Il n’a vu le ministre que deux fois en tout depuis le mois d’août pour un bonjour et un bonsoir. Pour moi, je ne l’ai même pas aperçu depuis certain jour de janvier dernier où il était venu me faire une communication quasi confidentielle au sujet des répugnances de l’empereur Nicolas pour l’empire en France. Comme je l’avais fort mal reçu, il n’a pas jugé à propos de revenir. Malgré tout cela, je suis sans inquiétude. L’Europe ne saurait sans folie se mettre à la traverse du courant qui entraîne notre pays, et je crois à une reconnaissance immédiate.

Croyez-vous que M. Zographo joue franc jeu dans la question de succession au trône de Grèce ? Vous savez qu’il est fort papiste ; il est aussi très fin, mais nous parviendrons peut-être à démêler ce qu’il pense.

Agréez, mon cher comte, l’expression de mes sentiments les plus dévoués.

Thouvenel. »