Page:Remy - Les ceux de chez nous, vol 10, Le jour des mes Pâques, 1916.djvu/13

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nant que je sais bien pourquoi que Napoléon a dit ça.

Quand j’arrive à la cinse de mon pârain, c’est assez loin, et mes pieds me font mal. Je crois que je houlteye un peu, et quand j’entre dans la cour où qu’il y a un gros hopai d’encenne au milieu, le chien Hardi hawe et rouffelle hors de son tonneau en tirant sur sa chaîne ; les poules commencent à voler de peur de lui et on entend roubiner les chevaux à cause de tout le bruit.

Sacri cint meye milliards di noms, ki gn' a-t-i don là ! crie mon pârain en accourant en manches de chemise.

— Il n’y a rien, c’est moi, pârain.

C’est surmint cist esbaré chapai-là qn’arèt fait sogne à m’ chin et âx poyes. E trô ! sacri cint meye milliards di noms ! crie-t-il au chien qui rentre tout lentement, avec sa chaîne dans ses pattes.

Nous allons dans la petite cuisine où que pârain buvait justement le café avec Génie, sa vieille servante, une grosse femme avec une bouche comme une tirelire, d’où qu’on ne peut rien avoir dehors, car elle ne parle presque jamais.

Mon oncle avait presque fini quand j’arrive. Il mange les dernières bouchées d’une tartine de maquaye qu’il coupe contre son gros doigt avec son fiemtai, puis le canif va avec la bouchée contre jusqu’à sa bouche que je pense toujours qu’il va se couper son oreille bas. Il a fini, il ressuye son fiemtai à son pantalon, puis il retourne sa jatte à café dans le plateau. Je croyais toujours que Génie allait s’en aller pour remettre les affaires du