Page:Remy - Les ceux de chez nous, vol 10, Le jour des mes Pâques, 1916.djvu/17

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cigare qui le fait malâte. C’est mon ami, je le bats quand je veux, et il fait tout ce qu’il me plaît quand je lui commande. Alors je mets une pièce tout contre mon œil en la tenant à la pointe de mes doigts.

— Zante, veux-tu ?

Sa large figure devient encore plus large ; ses oreilles stichent encore plus fort aux deux côtés, je vois toutes ses dents carrées, mais il n’a plus de nez et ses yeux c’est deux petites fentes brunes.

— Tiens.

Et j’avance la pièce de son côté ; il la happe vite et il danse en criant :

J’ach’tret cint meye chigores avou !

Et il court envoyé. Mais maintenant j’ai peur de rentrer et de raconter ça. Pourtant il faut le dire, parce que, si je racontais que tante Dolphine ou pârain n’a rien donné, ceux de chez nous iraient les attaquer et les défoutriquer.

D’nez-me vos treus pèces po les wester, dit ma tante.

Je donne une à une les deux, puis je dis :

— Il m’ faut garder une pour moi.

Nona, vo l'pièdriz. Aboutez-le vite, ji v’donret d’timps in timps cinq censes qui j'prindret foû del pèce, po v’s amuser.

Alors il m’ faut bien dire que je l’ai donnée à Zante, parce que j’avais beaucoup des pièces et lui rien. A peine que j’ai dis ça, que tout le monde me donne des calottes, Trinette aussi. De quoi elle se mêle, celle-là !

Kimint, don, voleur ! po Vjou d’ ses pâques, crie ma tante. Cours, abeye, Trinette,