Page:Remy - Les ceux de chez nous, vol 8, Bai Èfant, 1916.djvu/15

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Mais, ce qui m’enrage, c’est qui lui faut mes affaires, et quand il voit que j’ai quelque chose et lui pas, il pleure pour l’avoir et on me le prend et on lui donne pour le faire taire…

Encore l’autre jour, que je regardais les images dans mon livre d’images de Robinson Crusoé, l’enfant qui jouait avec sa cuiller dans un plateau de tasse où qu’il y avait eu sa boullie, a commencé à montrer mon livre avec sa cuiller et à crier pour l’avoir. Je ne pouvais mal de lui donner, mais ma tante a dit :

Prustez on pau voss live à l’èfant po fer jojowe avou, po qu’il s’taise.

— Non da. C’est da moi, est-ce pas, mes images, il me les faut pour m’amuser avec.

Grossir sins coûr, dînéme çoula, et vite èco.

Et elle m’a arraché mon livre en me donnant une calotte, puis elle l’a mis sur la petite planche du gadot devant l’enfant en criant :

Taisse-tu, gueuyâ, volà des bèbelles.

Et alors le petit ouvrait le livre à l’envers (il ne comprend rien) et chaque fois il détournait la page et il frappait dessus de tout ses plus forts avec sa cuiller qu’il tenait par le milieu et qui était plaquée de boullie. À chaque page, il criait « oua, oua » et il a tout délaboré mon livre pendant que je grattais ma tête à cause de la calotte et que je groulais dans mon ventre contre le bai èfant que j’aurais si bien voulu rosser, le battre, le pitter, lui