Page:Remy - Les ceux de chez nous, vol 8, Bai Èfant, 1916.djvu/8

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qui se tourne d’un autre côté en grognant tout fâché.

Bodjiz-ve avou çoula !

Hie li mâl honnête, vormint, crie ma tante, en allant prendre l’enfant à Trinette et en le caressant sur la tête comme pour le revenger que mon oncle a été si grossier avec. Et les deux femmes disent encore une fois, ensemble :

On si bai èfant !

Moi, je trouve que c’est mon oncle qui a raison. Comment peut-on trouver si beau, ce laid sale enfant-là. Il m’dégoûte, et je le regarde tout le temps à cause de ça.

Il a un gros front tout housé, qui avance et pas presque des cheveux dessus. Rien que des petites lochettes jaunes près de ses oreilles. Et son nez, donc, c’est comme un nic-nac et on ne le voit presque pas à cause de ses chiffes toutes soufflées, qu’il ne peut presque pas ouvrir sa bouche où qui gn’a pas des dents, comme celle du vieux jardinier Bourguignong. Et puis il n’a presque pas de menton, un tout petit bèchou morceau et il fait des yeux tout ronds, qui vont tout lentement, comme quelqu’un qui ne comprend rien.

Comme il est laid ! et sale donc ! D’abord, ses doigts qui sont toujours tout mouillés parce qu’il les remet tout le temps dans sa bouche et puis il veut toucher à tout avec. Et sa bouche qui glette, que ça court sur sa bavette de jaune caoutchouc. Et puis, il fait