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GASPARD

Il avait une moue de suprême dédain et il ajouta vexé :

— Et l’aut’!… Une femme mignonne comme ça… vous faire des tours de cochon !… Des pigeons, dis donc !… Des pigeons !… Et dire que c’te carne-là, elle était p’t-êt’e plate comme une punaise !

Seulement, il y a un Dieu, même sans doute celui des armées — qui veille sur Gaspard, et l’après-midi se termina sans que le capitaine demandât plus amples explications. Le soir, on eut d’autres soucis : la canonnade, toute proche, devenait angoissante.

Le gros du régiment avait rejoint les avant-postes ; on parlait d’une nouvelle marche précipitée ; il s’était livré une bataille ; un général demandait des troupes fraîches ; et l’imagination des hommes travaillait de nouveau, pour se figurer le combat avec ses dangers, son désordre et ses morts.

Tout à coup, alors qu’ils finissaient d’avaler hâtivement une mauvaise soupe confectionnée par Gaspard, ils en eurent comme une saisissante vision, car tout à coup, on vit surgir une poignée de chasseurs à cheval, qui sortaient de la fournaise et venaient de sabrer dans des uhlans. — Ils venaient, à deux cents, d’en massacrer quinze cents des autres, et ils restaient à