Page:René Benjamin - La farce de la Sorbonne, 1921.djvu/107

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plus de la regarder. Il verra l’aiguille sur chaque seconde, et il va se violenter, endurer mort et passion, pour remplir tout ce temps-là par d’interminables phrases en prose, qui seront le délayage assassin d’une divine poésie.

« Je vais faire la fête chez Amaryllis. »

Premiers mots de l’Idylle de Théocrite ; début cruel pour M. Puech à la torture ! Il le retourne, ce début, l’épluche en tous sens, hésitant et s’enrouant, gémissant sur soi-même : « Pourquoi diable est-ce que j’enseigne le grec ? Ma vie n’est qu’un quiproquo… »

Et il n’est que quatre heures quinze : cinq minutes seulement qu’il est là…

« Amaryllis, je t’apporte dix pommes. »

— Dix pommes, oui, dit M. Puech… mais quelles sont ces pommes ?… De quelle nature ?… Le poète ne le dit pas…

Il tousse, se tourne encore vers l’horloge… Misère ! Quatre heures dix-sept !

— Nous remarquons cependant, continue M. Puech, que si les pommes… ne sont pas