Page:René Benjamin - La farce de la Sorbonne, 1921.djvu/157

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étudiants français de ne jamais mettre le pied dans les amphithéâtres de la Faculté des Lettres. J’admets qu’ils s’y donnent rendez-vous aux heures où l’on prévoit des batailles. Là, il y a une saine tradition pour des jeunes gens à qui l’on recommande l’usage des sports. Mais le reste, qui est l’enseignement, ne peut pas retenir leur attention. Qu’ils s’aillent promener, c’est le bon sens. La rêverie près d’un parterre de fleurs au Luxembourg, par une tiède et lumineuse après-midi, voilà de quoi enrichir cent fois plus une jeune âme que tous ces cours publics, scientifiques et archi-nuls.

On peut passer deux ans, trois ans, vingt ans à la Faculté des Lettres sans y vivre une heure d’émotion. En revanche, à l’âge de la confiance et de l’espoir, Aulard vous y persuade que toute recherche est vaine, Seignobos que le passé est indéchiffrable, Basch que le présent est fou, Puech et Martha qu’on peut remplir les heures avec rien.

On offre son esprit. « Avez-vous des