Page:René Benjamin - La farce de la Sorbonne, 1921.djvu/32

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vos ossements, dans les tombes, ne sont-ils pas émus, quand ces maîtres, éternuant de la poussière de leurs fiches, croient vous ressusciter par la trouvaille d’une date, que votre cœur, avant de mourir, ne savait plus !

Le pédant est toujours et partout à l’honneur. À l’étranger, il dit : « Je suis la pensée de la France ! » Et c’est vrai qu’il la porte : il marche comme un baudet, chargé des plus beaux livres. Chez nous, il se fait de la gloire par des études et des travaux que personne ne contrôle. Bref, quand je me suis mis, dans les journaux, à rire des Sorbonards, que de pompiers pour s’écrier : « Au feu ! » Et ils tentèrent de me brûler vif.

Pourtant, j’étais rentré dans la Sorbonne, poussé par cet instinct candide qui me mène vers tous les monuments publics. Je ne prévoyais même pas tout le bonheur que j’y eus, qui est un bonheur sain. On rit là d’un bon rire, sans arrière-pensée. Le pion enseignant a l’avantage unique, qu’on n’éprouve aucune gêne à se moquer de lui. Car