Page:René Benjamin - La farce de la Sorbonne, 1921.djvu/34

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vous verrez, sans payer, la farce de l’enseignement.

Là, j’entends bien que de bons esprits vont me dresser l’épouvantail de l’étranger.

« Chut ! » diront-ils, l’Europe nous regarde. Quel tort vous faites à la France ! Nos amis, nos alliés, des peuples qui nous admirent, ont de la Sorbonne une idée si haute et si pure ! Ils prononcent les noms d’Aulard ou de Seignobos avec la même piété qu’ils parleraient d’un vieux Bourgogne. Si l’objet de leur dévotion est une duperie, il faut leur mentir quand même : c’est notre devoir. On cache son père quand il est ivre. »

Je ne suis pas insensible à l’objection, surtout qu’elle est d’ordre financier autant que sentimental. Il est vrai que la plupart des nations qui nous chérissent, ont, à leur amour, deux raisons essentielles : nos vins et nos professeurs. Ce peut donc être un danger pour notre réclame nationale de dénoncer la misère sorbonarde. Mais il y a plus précieux que l’idée qu’on donne de soi : c’est la conscience profonde que l’on