Page:René Benjamin - La farce de la Sorbonne, 1921.djvu/48

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poison, pourrait réagir un jour et se rebiffer, M. Aulard a soin d’abriter les réactions si pures de sa conscience sous la grande enseigne de la Sorbonne, et il annonce d’un air dévot :

— Jusqu’ici… personne n’a pu faire de Napoléon une étude impartiale, dans la sérénité. Mais… sous notre Troisième République, il est enfin permis de l’essayer, car… le haut enseignement de notre Sorbonne est aujourd’hui scientifique.

Il a détaché le mot, et il pose sur son grand nez triste un lorgnon pour voir l’effet :

— Scientifique, je veux dire, Messieurs : méfions-nous, n’est-ce pas, d’ouvrir notre cœur et notre esprit. Ce peut être agréable : c’est si dangereux. Car on s’abaisse ainsi de l’Histoire à… à l’Art, ou plus bas encore, à… à la Religion. Songez que moi, Aulard, ai fait, pour les écoles, des manuels où, me gardant de tout avis personnel, fidèle seulement aux découvertes de la Science, je désignais par exemple un Saint-Vincent de Paul du nom qu’il portait en son temps :