Page:René Benjamin - La farce de la Sorbonne, 1921.djvu/53

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rant des mois, pour que le 5 Mai on haussât les épaules. Le 5 Mai arrive. Aulard, content d’avoir écrit que j’étais un muscadin, tandis que lui-même était un porte-lumière, vient fièrement faire son cours. Que trouve-t-il ? Un auditoire réduit des neuf dixièmes ! Le peuple a couru chez le voisin, membre de l’Institut, qui, flanqué de deux ministres avec la Garde Républicaine, célèbre solennellement l’Empereur. Pauvre porte-lumière, il est abandonné !…

A-t-il vu du moins que j’étais là, moi ; son fidèle muscadin ?… Aulard, Aulard, en son cœur bienfaisant, je suis sûr qu’il m’a de la gratitude. Il se rend compte, ce raseur, qui sut élever l’Ennui à la hauteur d’une institution inamovible, que je suis comme lui juste et bon. Sans effort en effet, je consens qu’en un jour clair de sa jeunesse, il a pu honnêtement chercher la Vérité cinq minutes, mais en belle fille qu’elle est, elle lui a fait la nique. Il avait été la chercher dans son puits. Elle a éclaté de rire, est sortie, et l’a laissé dans le fond. Il y est encore. C’est de là qu’il fait son