Page:René Benjamin - La farce de la Sorbonne, 1921.djvu/59

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— Mais, Monsieur… je le sais.

— Le savez-vous scientifiquement ?

Lui n’enseigne que ce qu’il sait de cette manière, c’est-à-dire qu’il n’enseigne presque rien.

Il est, en effet, le premier d’entre les hommes à avoir compris que les faits historiques n’ont aucun intérêt. Tous sont de fausses précisions. M. Seignobos rit des noms, rit des dates, rit de tout. (Il ne grince des dents que quand on lui parle des curés.) Tout cela, ce n’est pas la vie des peuples. Une seule chose compte : l’étude critique et minutieuse des mœurs, et la comparaison attentive des statistiques. C’est ce qu’on appelle la « méthode historique » ; et c’est l’objet du cours de M. Seignobos.

J’ose dire que ce cours est unique. Malheureusement, il est peu connu. À la première leçon, il y a quarante personnes, curieuses et candides ; à la seconde, vingt, surprises et tenaces ; et de la troisième à la dernière, il y a tout au plus six ou sept égarés, dont lui et moi. Il faut le regretter. J’ai, pour ma part, toujours infiniment