Page:René Benjamin - La farce de la Sorbonne, 1921.djvu/62

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sait quoi, s’adressant à on ne sait qui, il se trouve en train, tout à coup, d’essayer de définir par des traits véridiques, cet ensemble « qu’on appelle généralement la France ». À la seule idée de toutes les blagues qu’on débite à ce sujet, il s’étrangle de joie. Puis, démoniaque, il reprend son discours, où l’on ne perçoit déjà plus qu’un mot sur trois, tandis qu’on jurerait qu’en sa bouche il fait une affreuse bouillie de sa langue et de ses dents.

— L’français… langue française… qu’est c’est ?… N’est qu’une des nombreuses langues parlées en France.

Il donne un coup de poing sous sa table, et dans un éclat :

— Unité d’langue en France ? Existe pas ! Alors ?

C’est lui-même qu’il interroge et qu’il oppose ainsi aux imbéciles et aux lieux communs. Car c’est cela son cours, ou semblant de cours : une pétarade contre tout ce qu’on a l’habitude de dire et de croire.

— L’unité d’la France ? Allons ! Au Nord,