Page:René Crevel La Mort Difficile 1926 Simon Kra Editeur.djvu/143

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de l’évangile qui, de ses cheveux, avait essuyé les pieds divins. Plus tard, alors que le jésus de plâtre frais ne fut plus qu’une image de sa propre enfance, même aux heures où Mme  Blok, par sa rengaine : « Le suicide c’est comme les cheveux roux » la tentait d’un désir de mort qu’elle croyait aussi naturel de porter que le nom de celui dont elle était issue si, par exemple, elle se disait que les revolvers ne sont pas faits pour les chiens, et qu’il peut être certains jours fort commode d’habiter au cinquième, toujours, à l’arrière-plan, demeurait le vœu du soir où elle avait fait connaissance avec la mort. Des croyances qu’elle n’avait plus dominaient encore sa vie. Ainsi, au nom d’une charité dont, au reste, le principe était dans son cœur bien plus encore que dans le catéchisme où elle avait appris son nom théologal, du jour où elle a connu Pierre, elle s’est résignée à n’être pour lui qu’une sœur attentive et peut-être secourable. Son aînée de trois ans, elle s’est répété que la justice chronologique voulait qu’il cherchât en elle un secours dont il avait un besoin tout particulier du fait de la folie du colonel et de la haine de Mme  Dumont-Dufour, alors qu’elle s’est toujours défendue de croire qu’il pût trouver en elle de quoi s’exalter pour quelque amour. Mais, parce qu’elle avait spontanément renoncé à certaines joies, encore inconnues, et dont, au reste, elle ne se rendait pas compte que l’ignorance aidât à les sacrifier, elle s’était