Page:René Crevel La Mort Difficile 1926 Simon Kra Editeur.djvu/178

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et Pierre qui n’a pas encore dit bonjour à Bruggle doit décrire les rangées ininterrompues de perles de Venise, boules, anneaux, losanges, petits animaux d’or et d’argent, gouttes de cristal, qu’une belle collectionneuse transatlantique plante tour à tour dans le plâtre et ses lobes.

Se taise le piano mécanique, Pierre en profite pour s’échapper et s’approcher de Bruggle, mais tout de suite les voilà rejoints par la Roumano-Scandinave qui vante son danseur : « Il s’appelle Totor, il a dix-neuf ans, une vraie splendeur et un poète aussi. D’ailleurs poète et voyou c’est la même chose. Tous les vrais artistes sont des poètes. Tous les vrais poètes sont des voyous, Arthur Bruggle mon cher, vous êtes un grand musicien, mais si vous n’aviez pas un joli cœur de crapule…

— What is crapule, interroge Bruggle.

La Roumano-Scandinave de sourire : « Oh ! mon cher, une crapule une jolie crapule comme vous, c’est une putain au cœur de rose. Une rose en papier rose, or, vert clair. N’est-ce pas, Pierre, vous qui le connaissez bien, avouez qu’Arthur est une putain au cœur de rose. »

Pierre pique un fard et dit « oui » de la tête

M. Arthur est près d’avoir ce qu’il appelle une stupeur. M. Arthur fait une mine. Au fond, il ne sait s’il doit se fâcher ou rire : « mon dompteuse est bien