Page:René Crevel La Mort Difficile 1926 Simon Kra Editeur.djvu/199

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

étaient hachés. Maintenant il pleure comme un gosse, et il a honte de pleurer devant la Roumano-Scandinave, Arthur qui ricanent. Les deux petits voyous se moquent de lui, contrefont ses larmes. « Arthur, Arthur » et la Roumano-Scandinave de cesser le ricanement pour un rire à pleine bouche, à pleine gorge. Lucas impose silence aux chiffonniers, puis doucement à Pierre : Nous allons vous reconduire chez vous, il faut prendre un peu l’air avant de rentrer. Demain, il n’y paraîtra plus.

Pierre a perdu toute volonté. Il se laisse habiller comme un bébé. Lucas fait un signe pour dire qu’il va partir avec lui.

On l’entraîne. La surprise de la nuit froide le calme. Il soupire, et Lucas, l’homme bien portant, essaie de l’apaiser…

Pierre la voix lointaine, explique : Si vous m’aviez laissé, je l’aurais injurié jusqu’à demain. J’aurais voulu que tout finît entre lui et moi, mais jamais je n’aurais eu le courage de partir simplement. J’étais son esclave. Je me donnais de fausses raisons pour essayer de croire que je n’avais pas tort de l’aimer tant. J’ai été insolent avec sa Roumano-Scandinave pour qu’il ne me pardonne pas, ne veuille plus me revoir. Oui, maintenant, c’est fini. Je suis heureux, libre…

À voix basse, pour lui seul, il se répète la phrase de tout à l’heure, quand Bruggle dansait avec le chiffonnier. La liberté d’Arthur s’appelle Totor, y a mieux