Page:René de Pont-Jest - La Bâtarde.djvu/119

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au pauvre fou, dont la tête reposait sur son sein, que j’aime ceux qui t’aiment ? Aime-les bien toi-même, oh ! pas trop ! pas autant que moi. J’en mourrais !

Deux heures se passèrent ainsi. Il fut décidé que Paul ferait deux parts de sa vie, l’une pour la rue de Flandre, l’autre pour la rue de l’Est ; parts égales, autant que possible ; mademoiselle Berthier n’en demandait pas davantage.

Ce qu’elle voulait surtout, c’était que le créole n’inquiétât pas son vieux parent par des absences trop fréquentes. Il ne lui parlerait d’elle que lorsqu’il jugerait lui-même le moment opportun.

Paul rassura sa maîtresse sur ces deux points ; d’abord son oncle comprenait fort bien qu’il avait tant de choses à voir que sa liberté lui était nécessaire ; et quant à sa liaison avec Gabrielle et à ses projets, son intention était d’en faire part à M. Armand du Longpré dans un aussi bref délai que possible.

En attendant, ils se verraient tous les jours, dîneraient ensemble deux ou trois fois par semaine, et Gabrielle serait le cicerone du nouveau débarqué. Elle lui ferait visiter les théâtres, les musées, les monuments, tout ce dont ils s’étaient entretenus si souvent à bord. Puis plus tard, lorsque la