Page:René de Pont-Jest - Le Cas du docteur Plemen.djvu/117

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aux fêtes de charité, — la Parisienne fait marcher tout cela de front — lui permettent de passer par les phases d’un amour romanesque, d’écrire, de donner des rendez-vous, et surtout de s’y rendre ?

Les femmes qui tombent, à Paris, dans cette existence de fièvre, sont le plus souvent celles dont la vertu n’a jamais été que chancelante. Les autres y sont défendues par la fréquence même des dangers et les fatigues du plaisir.

En province, c’est l’opposé : la ténacité des soupirants, les lectures, la solitude et le vide de l’esprit combattent contre l’honneur conjugal. Telle femme que huit mois de tourbillon parisien n’ont point troublée pense à mal pendant les quatre mois de villégiature qu’elle passe loin de son milieu bruyant accoutumé.

Mais ni Mme Deblain ni sa sœur ne paraissaient avoir rien de semblable il craindre, puisqu’elles avaient, pour ainsi dire, transporté Paris à Vermel.

Quoi qu’il en fut, le colonel, qui, sans doute, n’était pas de cet avis, ne partit qu’à demi rassuré, et sa femme en eut bientôt la preuve, en recevant de lui, datées de Suez, de la Pointe-de-Galles et de Singapour, points de relâche du paquebot qui le conduisait au Japon, de longues lettres dans lesquelles il ne lui parlait, sur un ton de menace, que de la conduite obligatoire pour une épouse honnête dont le mari est au loin.