Page:René de Pont-Jest - Le Cas du docteur Plemen.djvu/15

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geant de nom et se mêlant aux aventures les plus dramatiques, au mépris de tout danger, comme s’il y fût forcé par le devoir.

Elle se rappelait que, cinq ou six ans auparavant, il s’était absenté de New-York, où il l’avait laissée sous la garde de mistress Wanwright, et qu’elle lui avait écrit à Paris, à l’adresse de William Dow ; et l’année précédente, lorsqu’il l’avait emmenée à Boston, il s’était fait appeler Charles Murray. Aujourd’hui, il était devenu William Witson.

De tous ces noms, quel était véritablement le sien ? Quel était donc le but de cette existence étrange, tourmentée, sombre souvent, toujours, mystérieuse ?

La jeune fille ne pouvait le comprendre, et, en raison de cette ignorance, elle vivait dans une inquiétude incessante, qu’elle s’efforçait toutefois de dissimuler, dans la crainte de déplaire à celui qui était tout pour elle.

Les choses en étaient là dans le petit hôtel de la rue Boissière, quand, un matin, après le déjeuner, William, qui s’était mis, comme de coutume, à lire ses journaux, jeta tout à coup un cri de surprise.

— Qu’avez-vous donc ? lui demanda Jane en abandonnant l’album qu’elle feuilletait.

— C’est bizarre, répondit l’Américain, dont la physionomie s’était animée. Oh ! cela n’est pas