Page:René de Pont-Jest - Le Cas du docteur Plemen.djvu/31

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raconté, de caractères et de ridicules qui se sont manifestés devant lui ; mais cette situation, ce fait, ces caractères et ces ridicules ne sont que des points de départ, des matériaux, des embryons qu’il doit établir, classer, rendre logiques, développer et coordonner.

Désireux de créer un type en harmonie parfaite avec l’aventure qu’il veut mettre en scène, il ne photographie pas plus un individu bon ou mauvais, rencontré par hasard, qu’il ne copie textuellement la situation qui, en frappant son esprit, lui a donné l’idée première de son œuvre.

Quels que soient ses vertus ou ses vices, l’homme est rarement complet ; le romancier est forcé, pour les besoins de sa cause, de faire son héros pire ou meilleur qu’il ne lui a apparu ; et il arrive que les événements réels sont si étrangement conduits par le hasard, ils sont si souvent la preuve que le vrai peut quelquefois n’être pas vraisemblable, que le lecteur n’ajouterait point foi au récit où les effets — ce qui se produit fréquemment dans la nature — ne sembleraient pas la conséquence directe des causes.

L’écrivain qui a un but bien défini et demeure soucieux de l’atteindre par des moyens logiques prend donc à chacun des modèles qui lui sont offerts quelques-uns de leurs défauts et quelques-unes de leurs qualités, afin de créer des personnages dans le ton des événements qu’il a résolu de peindre.