Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/105

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pense qu’au mal, l’empoisonneur de fontaines, le mangeur d’enfants, l’allumeur d’incendies[1]. Dès qu’un crime était commis, le plus léger indice suffisait pour arrêter un chrétien et le faire mettre à la torture. Souvent le nom seul de chrétien suffisait pour amener l’arrestation. Quand on les voyait s’éloigner des sacrifices païens, on les injuriait[2]. L’ère des persécutions était ouverte en réalité ; elle durera désormais avec de courts intervalles jusqu’à Constantin. Dans les trente années qui se sont écoulées depuis la première prédication chrétienne, les Juifs seuls ont persécuté l’œuvre de Jésus ; les Romains ont défendu les chrétiens contre les Juifs ; maintenant les Romains se font persécuteurs à leur tour. De la capitale, ces terreurs, ces haines se répandaient dans les provinces et provoquaient les plus criantes injustices[3]. Il s’y mêlait d’atroces plaisanteries ; les murs des lieux où se réunissaient les chrétiens étaient couverts de caricatures et d’inscriptions injurieuses ou obscènes contre les frères et les sœurs[4]. L’habitude de repré-

  1. Tacite, Ann., XV, 44 ; Suétone, Néron, 16 ; Sénèque, cité par saint Augustin, De civ. Dei, VI, 11 ; I Petri, ii, 12, 15 ; iii, 16 ; cf. II Petri, ii, 12.
  2. I Petri, iv, 4.
  3. I Petri, i, 6 ; ii, 19-20 ; iii, 14 ; iv, 12 et suiv. ; v, 9, 10 ; Jac., ii, 6 ; Tertullien, Ad nat., I, 7.
  4. De Rossi, Bull. di arch. crist., 1864, p. 69 et suiv.