Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/126

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Marc, ou celui qui prit son nom, avait-il confié au papier ses notes sur la vie de Jésus[1] ? On en peut douter. Paul, en particulier, n’avait sûrement entre les mains aucun écrit sur les paroles de Jésus. Possédait-il du moins une tradition orale, et en quelque sorte mnémonique, de ces paroles ? On remarque chez lui une telle tradition pour le récit de la Cène[2], peut-être pour celui de la Passion, et jusqu’à un certain point pour celui de la Résurrection[3], mais non pour les paraboles et les sentences. Jésus est à ses yeux une victime expiatoire, un être surhumain, un ressuscité, non un moraliste. Ses citations des paroles de Jésus sont indécises et ne se rapportent pas aux discours que les Évangiles synoptiques mettent dans la bouche de Jésus[4]. Les épîtres apostoliques que nous possédons, outre celles de Paul, ne font non plus supposer l’existence d’aucune rédaction de ce genre.

Ce qui paraît résulter de là, c’est que certains

  1. Papias, dans Eusèbe, H. E., III, 39. Que l’Évangile de Luc n’existât pas, c’est ce que I Petri, ii, 23, comparé à Luc, xxiii, 34, suffirait pour prouver.
  2. I Cor., xi, 23 et suiv. La version de Paul se rapproche surtout de celle de Luc.
  3. I Cor., xv, 3 et suiv.
  4. I Thess., iv, 8, 9 ; v, 2, 6 ; Gal., v, 14 ; I Cor., vii, 10, 12, 25, 40 ; xiii, 2 ; II Cor., iii, 6 ; Rom., xii, 14, 19 ; xiii, 9, 10. Act., xx, 35, ne prouve rien pour Paul.