Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/197

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oisifs[1] ; plus tard, Commode, Caracalla disputeront à Néron sur ce point la palme de la folie. On fut obligé de faire des lois pour défendre aux sénateurs et aux chevaliers de descendre dans l’arène, de lutter comme gladiateurs, ou de se battre contre les bêtes. Le cirque était devenu le centre de la vie ; le reste du monde ne semblait fait que pour les plaisirs de Rome. C’étaient sans cesse de nouvelles inventions plus étranges les unes que les autres, conçues et ordonnées par le chorège souverain. Le peuple allait de fête en fête, ne parlant que de la dernière journée[2], attendant celle qu’on lui promettait, et finissait par être très-attaché au prince qui faisait ainsi de sa vie une bacchanale sans fin. La popularité que Néron obtint par ces honteux moyens ne saurait être mise en doute ; elle suffit pour qu’après sa mort Othon ait pu arriver à l’empire en relevant son souvenir, en l’imitant, en rappelant que lui-même avait été l’un des mignons de sa coterie.

On ne peut pas dire précisément que le malheureux manquât de cœur, ni de tout sentiment du bien et du beau. Loin d’être incapable d’amitié, il

  1. Suétone, Caius, 18.
  2. Voir les épigrammes de Martial, surtout le Liber de spectaculis, qui représentent à beaucoup d’égards les petits journaux du temps.