Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/20

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

des documents même apocryphes ont pour lui une valeur, car ils peignent l’âme, et sont souvent plus vrais que la sèche vérité. La plus grande erreur, à ses yeux, est de transformer en fauteurs de thèses abstraites ces bons et naïfs visionnaires dont les rêves ont été la consolation et la joie de tant de siècles.

Ce que nous venons de dire de l’épître aux Colossiens, et surtout de l’épître aux Éphésiens, il faut le dire à plus forte raison de la première épître attribuée à saint Pierre, et des épîtres attribuées à Jacques, à Jude[1]. La deuxième épître attribuée à Pierre est sûrement apocryphe. On y reconnaît au premier coup d’œil une composition artificielle, un pastiche composé avec des lambeaux d’écrits apostoliques, surtout de l’épître de Jude[2]. Nous n’insistons pas sur ce point, car nous ne croyons pas que la IIª Petri ait, parmi les vrais critiques, un seul défenseur. Mais la fausseté de la IIª Petri, écrit dont l’objet principal est

  1. Sur cette dernière, voir Saint Paul, p. 300 et suiv.
  2. Comparez surtout le second chapitre de la IIª Petri à l’épître de Jude. Des traits comme IIª Petri, i, 14, 16-18 ; iii, 1, 2, 5-7, 15-16, sont aussi des indices certains de fausseté. Le style n’a aucune ressemblance avec celui de la Iª Petri (observation de saint Jérôme, Epist. ad Hedib., c. 11 ; cf. De viris ill., c. 1). Enfin l’épître n’est pas citée avant le IIIe siècle. Irénée (Adv. hær., IV, ix, 2) et Origène (dans Eusèbe, H. E., VI, 25) ne la connaissent pas ou l’excluent. Cf. Eus., H. E., iii, 25.