Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/217

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Constantinople et dans les grandes villes musulmanes, dont le renouvellement est empêché par les mosquées et les ouakouf. En Orient, l’incendie n’est qu’un faible expédient ; car, après l’incendie, le terrain, considéré comme une sorte de patrimoine inaliénable des croyants, reste sacré. À Rome, où la religion s’attachait à l’édifice plus qu’à l’emplacement, la mesure se trouva efficace. Une nouvelle Rome, à rues larges et alignées, se reconstruisit assez vite d’après les plans de l’empereur et sur les primes qu’il offrit.

Tout ce qu’il y avait d’hommes honnêtes dans la ville fut outré. Les plus précieuses antiquités de Rome, les maisons des anciens capitaines décorées encore de dépouilles triomphales, les objets les plus saints, les trophées, les ex-voto antiques, les temples les plus respectés, tout le matériel du vieux culte des Romains avait disparu. Ce fut comme le deuil des souvenirs et des légendes de la patrie. Néron avait beau se mettre en frais pour soulager la misère dont il était la cause ; on avait beau faire remarquer que tout s’était borné en dernière analyse à une opération de nettoyage et d’assainissement, que la nouvelle ville serait bien supérieure à l’ancienne ; aucun vrai Romain ne voulut le croire ; tous ceux pour lesquels une ville est autre chose qu’un amas de pierres furent blessés au cœur ; la conscience de la patrie était atteinte. Ce temple bâti