Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/26

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années qui précédèrent la révolte ; Josèphe nous donne des renseignements tout à fait du même ordre[1]. L’hypothèse qui attribue l’Épître de Jacques à un Jacques différent du frère du Seigneur n’a aucun avantage. Cette épître, il est vrai, ne fut pas admise dans les premiers siècles d’une façon aussi unanime que celle de Pierre[2] ; mais les motifs de ces hésitations paraissent avoir été plutôt dogmatiques que critiques ; le peu de goût des Pères grecs pour les écrits judéo-chrétiens en fut la cause principale.

Une remarque du moins qui s’applique avec évidence aux petits écrits apostoliques dont nous parlons, c’est qu’ils ont été composés avant la chute de Jérusalem. Cet événement introduisit dans la situation du judaïsme et du christianisme un tel changement, qu’on discerne facilement un écrit postérieur à la catastrophe de l’an 70 d’un écrit contemporain du troisième temple. Des tableaux évidemment relatifs aux luttes intérieures des classes diverses de la société hiérosolymitaine, comme celui que nous pré-

  1. Voir ci-dessous, p. 52-53.
  2. Clément Romain (I ad Cor., c. 10 et 11 ; cf. Jac., ii, 21, 23, 25), l’auteur du Pasteur (mand., xii, § 5 ; cf. Jac., iv, 7), Irénée (Adv. hær., IV, xvi, 2 ; cf. Jac., ii, 23) paraissent l’avoir lue. Origène (In. Joh., tom. XIX, 6), Eusèbe (H. E., II, 23), saint Jérôme (De viris ill., 2) expriment des doutes.