Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/277

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selon nous, rapporter l’ouvrage qui porte le titre, difficile à comprendre, d’Épître aux Hébreux. Cet écrit paraît avoir été composé à Éphèse par Barnabé[1] et adressé à l’Église de Rome[2], au nom de la petite communauté de chrétiens italiotes qui s’était réfugiée dans la capitale de l’Asie. Par sa position, en quelque sorte intermédiaire, au point de croisement de beaucoup d’idées jusque-là non encore associées, l’Épître aux Hébreux revient de droit à l’homme conciliant qui tant de fois empêcha les tendances diverses existant au sein de la jeune communauté d’arriver à une rupture ouverte. L’opposition des Églises de juifs et des Églises de gentils semble, quand on lit ce petit traité, une question résolue ou plutôt perdue dans un flot débordant de métaphysique transcendante et de pacifique charité. Comme nous l’avons dit, le goût des midraschim ou petits traités d’exégèse religieuse, sous forme épistolaire, avait fait de grands progrès. Paul s’était mis tout entier dans son épître aux Romains ; plus tard, l’Épître aux Éphésiens avait été la formule la plus avancée de sa doctrine. L’Épître

  1. Voir l’introduction en tête de ce volume.
  2. C’est ce qui explique comment l’Église de Rome a toujours mieux su que les autres Églises de qui cette épître n’était pas. V. Saint Paul, p. lvii. La première épître de Clément, écrite à Rome vers l’an 95, est pleine de réminiscences de l’Épître aux Hébreux.