Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/34

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certainement romain) fait à l’Épître aux Hébreux des emprunts suivis, et en calque le mode d’exposition d’une manière évidente.

Une seule difficulté reste à résoudre : Pourquoi le titre de l’épître porte-t-il Πρὸς Ἑϐραίους ? Rappelons que ces titres ne sont pas toujours d’origine apostolique, qu’on les mit assez tard et quelquefois à faux, comme nous l’avons vu pour l’épître dite Πρὸς Ἐφεσίους. L’épître dite aux Hébreux fut écrite, sous le coup de la persécution, à l’Église qui était la plus poursuivie. En plusieurs endroits (par exemple, xiii, 23), on sent que l’auteur s’exprime à mots couverts. Peut-être le titre vague Πρὸς Ἑϐραίους fut-il un mot de passe pour éviter que la lettre ne devînt une pièce compromettante. Peut-être aussi ce titre vint-il de ce qu’on regarda, au IIe siècle, l’écrit en question comme une réfutation des ébionites, qu’on appelait Ἑϐραῖοι. Un fait assez remarquable, c’est que l’Église de Rome eut toujours sur cette épître des lumières toutes particulières ; c’est de là qu’elle émerge, c’est là qu’on en fait d’abord usage. Tandis qu’Alexandrie se laisse aller à l’attribuer à Paul, l’Église de Rome maintient toujours qu’elle n’est pas de cet apôtre, et qu’on a tort de la joindre à ses écrits[1]. De quelle ville l’Épître aux Hébreux fut-elle

  1. Voir Saint Paul, p. lvii.