Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/364

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jeter la troupe sainte dans le Jourdain, et celle-ci réussit-elle à passer le fleuve par un endroit où l’eau était basse ; peut-être l’escouade envoyée pour l’atteindre s’égara-t-elle et perdit-elle ainsi la piste de ceux qu’elle poursuivait.

Le lieu choisi par les chefs de la communauté pour servir d’asile principal à l’Église fugitive fut Pella[1], une des villes de la Décapole, située près de la rive gauche du Jourdain, dans un site admirable, dominant d’un côté toute la plaine du Ghor, de l’autre des précipices, au fond desquels roule un torrent[2]. On ne pouvait faire un choix plus raisonnable. La Judée, l’Idumée, la Pérée, la Galilée appartenaient à l’insurrection ; la Samarie et la côte étaient profondément troublées par la guerre ; Scythopolis et Pella se trouvaient ainsi les deux villes neutres les plus rapprochées de Jérusalem. Pella, par sa position au delà du Jourdain, devait offrir bien plus de tranquil-

    les sicaires de Jérusalem. Il est peu probable que la mésaventure des fugitifs soit venue des Romains.

  1. Aujourd’hui Fahl ou Tabakât Fahil. V. Ritter, Erdkunde, XV, p. 786, 1003, 1025 et suiv. ; Robinson, III, p. 320 et suiv., carte de Van de Velde. Comp. les passages d’Eusèbe et de saint Épiphane, précités. Une des victoires qui assurèrent aux musulmans la possession de la Syrie se livra en cet endroit.
  2. Irby et Mangles, Travels, p. 304-305 (Londres, 1823) ; Robinson, l. c.