Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/384

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personne qui fût reconnaissable. On pouvait croire à une substitution ; les uns affirmaient qu’on n’avait pas trouvé le corps ; d’autres disaient que la plaie qu’il s’était faite au cou avait été bandée et guérie[1]. Presque tous soutenaient que, à l’instigation de l’ambassadeur parthe à Rome, il s’était réfugié chez les Arsacides, ses alliés, ennemis éternels des Romains, ou auprès de ce roi d’Arménie, Tiridate, dont le voyage à Rome en 66 avait été accompagné de fêtes magnifiques, qui frappèrent le peuple[2]. Là, il tramait la ruine de l’empire. On allait bientôt le voir revenir à la tête des cavaliers de l’Orient, pour torturer ceux qui l’avaient trahi[3]. Ses partisans vivaient dans cette

  1. Tacite, Hist., II, 8 ; Sulpice Sévère, Hist., l. II, c. 29 ; Lactance, De mort. pers., c. 2.
  2. Néron avait certainement eu l’idée de se sauver chez Vologèse ; et en effet les Parthes se montrent toujours néroniens. Suétone, Néron, 13, 30, 47, 57 ; Aurélius Victor, De Cæs., Néron, 14 ; Epit., Néron, 8 ; Carm. sib., V, 147. Tiridate avait justement visité les villes d’Asie (Dion Cassius, LXIII, 7, leçon à tort contestée). En tout cas, l’opinion à cet égard était si bien arrêtée, que tous les faux Nérons parurent chez les Parthes ou furent des agents des Parthes. Zonaras, XI, 18 ; Tac., Hist., I, 2 ; Suétone, Néron, 57.
  3. Carmina sibyll., IV, 119 et suiv., 137 et suiv. ; V, 33-34, 93 et suiv., 100 et suiv., 137, 142, 146 et suiv., 215-223, 362 et suiv., 385 ; VIII, 70 et suiv., 146, 152 et suiv. ; XII, 93-94 ; Ascension d’Isaïe, iv, 2 et suiv. ; Commodien, Carmen, v. 820 et suiv., 862, 925 et suiv. (édit. Pitra). Comp. Suétone, Néron, 57 ; Tac., Hist., I, 2 ; Lactance, De mort. pers., 2 ; Zonaras, XI, 18.