Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/414

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douceur et son indulgence[1] semble avoir été inventée conformément au type qui résulte des épîtres johanniques, épîtres dont l’authenticité est plus que douteuse. Les traits d’un caractère tout opposé, et qui révèlent beaucoup de violence, sont mieux d’accord avec les récits évangéliques[2], avec l’Apocalypse, et prouvent que l’emportement d’où lui était venu le surnom de « fils du tonnerre » n’avait fait que s’exaspérer avec l’âge. Il se peut, du reste, que ces qualités et ces défauts opposés ne se soient pas exclus aussi nécessairement qu’on le croirait. Le fanatisme religieux produit souvent dans le même sujet les extrêmes de la dureté et de la bonté ; tel inquisiteur du moyen âge qui faisait brûler des milliers de malheureux pour d’insignifiantes subtilités était en même temps le plus doux et en un sens le plus humble des hommes.

C’est surtout contre les petits conventicules des disciples de celui qu’on appelait le nouveau Balaam que l’animosité de Jean et de son entourage paraît avoir été vive et profonde[3]. Telle est l’injustice inhé-

  1. Clément d’Alexandrie, Quis dives salvetur, 42 ; Eus., H. E., III, 23 ; saint Jérôme, in Gal., c. vi.
  2. Marc, iii, 17 ; ix, 37-38 ; Luc, ix, 49, 54.
  3. Voir Saint Paul, p. 367 et suiv. Plus tard, chez les juifs, Jésus fut aussi appelé Balaam (Geiger, Jüdische Zeitschrift, 6e année, p. 31-37), le nom de ce dernier personnage étant devenu