Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/416

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tous les croyants. On sympathisait avec l’insurrection juive, et on était persuadé que les Romains n’en viendraient pas complètement à bout. Le temps était loin où Paul et peut-être Pierre prêchaient l’acceptation de l’autorité romaine, attribuant même à cette autorité une sorte de caractère divin. Les principes des juifs exaltés sur le refus de l’impôt, sur l’origine diabolique de tout pouvoir profane, sur l’idolâtrie impliquée dans les actes de la vie civile selon les formes romaines, l’emportaient. C’était la conséquence naturelle de la persécution ; les principes modérés avaient cessé d’être applicables. Sans être aussi violente qu’elle le fut en l’an 64, la persécution continuait sourdement[1]. L’Asie était la province où la chute de Néron avait fait le plus d’impression. L’opinion générale était que le monstre, guéri par une puissance satanique, se tenait caché quelque part et allait reparaître. On conçoit quel effet de telles rumeurs produisaient parmi les chrétiens. Plusieurs des fidèles d’Éphèse, à commencer peut-être par leur chef, étaient des échappés de la grande boucherie de 64. Quoi ! l’horrible bête, pétrie de luxure, de fatuité, de vaine gloire, va revenir ! La chose est claire, durent penser ceux qui doutaient

  1. Apoc., xii, 17 ; xvii, 14.