Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/418

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C’était, paraît-il, un esclave du Pont ; selon d’autres, un Italien, de condition servile. Il ressemblait beaucoup à l’empereur défunt ; il avait ses gros yeux, sa forte chevelure, son air hagard, sa tête farouche et théâtrale ; il savait comme lui jouer de la cithare et chanter. L’imposteur forma autour de lui un premier noyau composé de déserteurs et de vagabonds, osa prendre la mer pour gagner la Syrie et l’Égypte, et fut jeté par la tempête dans l’île de Cythnos, l’une des Cyclades. Il fit de cette île le centre d’une propagande assez active, grossit sa bande en racolant quelques soldats qui retournaient d’Orient, fit des exécutions sanglantes, pilla des marchands, arma des esclaves. L’émotion fut grande, surtout chez les gens du peuple, ouverts par leur crédulité aux bruits les plus absurdes. Depuis le mois de décembre 68, l’Asie et la Grèce n’eurent pas d’autre entretien[1].

    détails. C’est à tort que Zonaras a lu : Ἐν Κύδνῳ δὲ περαιούμενον. Il faut ἐν Κύθνῳ.

  1. La mort de ce faux Néron eut lieu sous Othon, par conséquent du 15 janvier au 15 avril 69 ; mais tout porte à croire que cet événement arriva à un moment bien plus rapproché de la première date que de la seconde. En effet, Sisenna trouva l’imposteur à Cythnos, comme il venait de Syrie à Rome adhérer au mouvement des prétoriens qui avaient proclamé Othon. Une nouvelle allait de Rome en Syrie en une dizaine de jours ; Sisenna dut partir dès que le pronunciamento de Syrie fut accompli. On peut donc placer son arrivée à Cythnos vers le 6 février. Aspré-