Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/453

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terre. En effet, à l’ouverture du cinquième sceau, le Voyant est témoin d’un touchant spectacle. Il reconnaît sous l’autel les âmes de ceux qui ont été égorgés pour leur foi et pour le témoignage qu’ils ont rendu à Christ (sûrement les victimes de l’an 64). Ces saintes âmes crient vers Dieu[1], et lui disent : « Jusques à quand, Seigneur, toi le saint, le véridique, ne feras-tu point justice, et ne redemanderas-tu point notre sang à ceux qui demeurent sur la terre ? » Mais les temps ne sont pas encore venus ; le nombre des martyrs qui amènera le débordement de colère n’est pas atteint. On donne à chacune des victimes qui sont sous l’autel une robe blanche, gage de la justification et du triomphe futurs, et on leur dit de patienter un peu, jusqu’à ce que leurs coserviteurs et confrères, qui doivent être tués comme eux, aient rendu témoignage à leur tour.

Après ce bel intermède, nous rentrons, non plus dans la période des fléaux précurseurs, mais au milieu des phénomènes du dernier jugement. À l’ouverture du sixième sceau[2], a lieu un grand tremble-

  1. Des imaginations analogues avaient cours, même en dehors du cercle chrétien. Dion Cassius, LXIII, 28 : αἱ τῶν πεφονευμένων ὑπ’αὐτοῦ ψυχαί. Apoc., vi, 9 : τάς ψυχὰς τῶν ἐσφαγμένων.
  2. Toute la description de la catastrophe finale est composée de traits empruntés à Isaïe, ii, 10, 19 ; xxxiv, 4 ; l, 3 ; lxiii, 4 ; Ézéchiel, xxxii, 7-8 ; Joël, iii, 4 ; Osée, x, 8 ; Nahum, i, 6 ; Mala-