Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/487

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ce sens qu’il est le prôneur d’un faux dieu[1], qui est Néron. Il faut tenir compte de l’importance qu’ont à cette époque les mages, les chaldéens, les « mathématiciens », pestes dont Éphèse était le foyer principal. Qu’on se rappelle aussi que Néron rêva un moment « le royaume de Jérusalem » ; qu’il fut très-mêlé au mouvement astrologique de son temps[2], et que, presque seul des empereurs, il fut adoré de son vivant[3], ce qui était le signe de l’Antechrist[4]. Pendant son voyage de Grèce, en particulier, l’adulation de l’Achaïe et de l’Asie dépassa tout ce qu’il est possible d’imaginer. Enfin, qu’on n’oublie pas la gravité qu’eut en Asie et dans les îles de l’Archipel le mouvement du faux Néron[5]. La circonstance que la seconde bête sort de la terre, et non comme la première de la mer, montre que l’incident dont il s’agit eut lieu en Asie ou en Judée, non à Rome. Tout cela ne suffit pas pour lever les obscurités de

  1. Comp. Exode, vii, 1.
  2. Suétone, Néron, 34, 36, 40 ; Pline, H. N., XXX, 2.
  3. Tacite, Ann., XV, 74.
  4. II Thess., ii, 3-4.
  5. « Achaia atque Asia falso exterritæ…, late terror…, multis… erectis…, gliscentem in dies famam. » Tacite, Hist., II, 8-9. Τὴν Ἑλλάδα ὀλίγου πᾶσαν ἐτάραξε. Zonaras, Ann., XI, 15, d’après Dion. L’Asie Mineure resta toujours le pays qui produisait les faux Nérons. Voir Zonaras, XI, 18. On sent que le foyer du néronianisme était là.