Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/50

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aloges[1], feignirent d’y voir l’œuvre de Cérinthe. Enfin, dans la seconde moitié du IIIe siècle, l’école d’Alexandrie, en haine du millénarisme renaissant par suite de la persécution de Valérien, fait la critique du livre avec une excessive rigueur et une mauvaise humeur non dissimulée ; l’évêque Denys démontre parfaitement que l’Apocalypse ne saurait être du même auteur que le quatrième Évangile, et met à la mode l’hypothèse du Presbyteros[2]. Au IVe siècle, l’Église grecque est tout à fait partagée[3]. Eusèbe, quoique hésitant, est en somme défavorable à la thèse qui attribue l’ouvrage au fils de Zébédée. Grégoire de Nazianze et presque tous les chrétiens lettrés du même temps refusèrent de voir un écrit apostolique dans un livre qui contrariait si vivement leur goût, leurs idées d’apologétique et leurs préjugés d’éducation. On peut dire que, si ce parti avait été le maître, il eût relégué l’Apocalypse au rang du Pasteur et des ἀντιλεγόμενα dont le texte grec a presque disparu. Heureusement, il était trop tard pour que de telles exclusions pussent réussir. Grâce

  1. Épiph., hær. li, 3-4, 32-35.
  2. Hist. eccl., VII, 25. Il est probable que la question avait déjà été discutée par saint Hippolyte. Voir la liste de ses écrits dans Corpus inscr. gr., no 8613, A, 3.
  3. Eus., H. E., III, 24 ; saint Jérôme, Epist. cxxix, ad Dardanum, 3.