Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/510

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le pressoir du vin de la colère de Dieu, inaugurer pour les païens le règne du sceptre de fer. Ses yeux étincellent. Ses habits sont teints de sang ; il porte sur sa tête plusieurs couronnes, avec une inscription en caractères mystérieux[1]. De sa bouche sort une épée aiguë, pour frapper les gentils ; sur sa cuisse est écrit son titre : Roi des rois, seigneur des seigneurs. Toute l’armée du ciel le suit sur des chevaux blancs, revêtue de fin lin. On s’attend à un triomphe pacifique ; mais il n’en est pas temps encore. Quoique Rome soit détruite, le monde romain, représenté par Néron l’Antechrist, n’est pas anéanti. Un ange debout sur le soleil crie d’une voix forte à tous les oiseaux qui volent au zénith : « Venez, assemblez-vous pour le grand festin de Dieu ; venez manger la chair des rois, et la chair des tribuns, et la chair des forts, et la chair des chevaux et de leurs cavaliers, et la chair des hommes libres et des esclaves, des grands et des petits[2]. » Le prophète voit alors la Bête (Néron) et les rois de la terre (les généraux de province, presque indépendants) et leurs armées, réunis pour faire la guerre à celui qui est assis sur le cheval. Et la Bête (Néron) est saisie et

  1. Ὀνόματα γεγραμμένα paraît la vraie leçon. Cf. Codex sinaïticus et Tischendorf.
  2. Comp. Ézéch., xxxix, 17-20.