Page:Renan - Histoire des origines du christianisme - 4 Antechrist, Levy, 1873.djvu/536

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qu’il abolira le temps de l’iniquité, et qu’il jugera les impies, et qu’il changera le soleil et la lune et tous les astres, il se reposera encore le septième jour ». Ce qui équivaut à dire : il régnera mille ans, le règne du Messie étant toujours comparé au sabbat qui termine par le repos les agitations successives d’un développement de l’univers[1]. L’idée de l’éternité de la vie individuelle est si peu familière aux Juifs, que l’ère des rémunérations futures est selon eux renfermée en un chiffre d’années considérable sans doute, mais toujours fini.

La physionomie persane de ces rêves se laisse apercevoir tout d’abord[2]. Le millénarisme et, si l’on peut s’exprimer ainsi, l’apocalyptisme ont fleuri dans l’Iran depuis une époque fort ancienne[3]. Au fond des idées zoroastriennes est une tendance à chiffrer les âges du monde, à compter les périodes de la vie universelle par hazars, c’est-à-dire par milliers

  1. Commodien et saint Hippolyte fixent également la durée du monde à six mille ans.
  2. Des idées très-analogues se retrouvent chez les Étrusques et faisaient sans doute le fond des anciens livres sibyllins, si bien qu’une union toute naturelle s’établit entre le sibyllinisme italiote et l’apocalyptisme juif (Virg., Ecl., iv).
  3. Voir l’Ardaï Viraf-Nameh, sorte d’apocalypse, qui n’est pas, comme on l’avait cru, une imitation de l’Ascension d’Isaïe. Cf. Sitzungsberichte de l’Acad. de Munich, 1870, I, 3.